Dans les stations de ski, l’industrialisation gagne du terrain. L’enneigement mécanique est emblématique de ce développement industriel. La production de neige est devenue une activité très spécialisée. Elle est produite de manière centralisée et automatisée à l’aide de systèmes informatiques. Ceux-ci gèrent aussi bien la qualité, la quantité que l’angle d’enneigement. Bien que l’acquisition des infrastructures et les coûts d’exploitation soient relativement coûteux, que l’utilisation nécessite une température ambiante suffisamment basse, l’enneigement mécanique est devenu dans de vastes parties des Alpes, une ressource très importante, voire la base de la survie économique.
Neige 2.0 cherche à révéler d’une part cette montagne high-tech, et en même temps une représentation quelque peu vacillante. Comme si entraînés par les changements climatiques et le phénomène d’industrialisation, les promoteurs touristiques ne parvenaient plus qu’à maintenir sous perfusion l’imaginaire d’un espace blanc qu’on pensait sublime et immaculé pour toujours.
L’espace fait de moins en moins rêver et semble s’être considérablement rétréci, limitant de surcroît la liberté de déplacement du skieur. Paradoxalement, grâce aux technologies modernes, l’homme est en mesure de prendre de plus en plus de contrôle et de façonner la montagne selon les usages qu’il souhaite en faire.
En se concentrant sur les traces laissées par les enneigeurs ou simplement l’absence de neige, le travail explore des points de tension : entre volonté humaine de marquer, contrôler le territoire, préserver les habitudes et les agissements d’une nature insoumise et imprévisible, répondant à des logiques autres que consuméristes.
Les images ont été prises à Davos, Adelboden, Savognin, Crans-Montana, Villars, Châtel et Métabief, entre 2013 et 2017